Si Lucky Luke parcourt les plaines sur sa monture Jolly Jumper, Marion Sainte-Cluque s’est elle posée sur le plateau de Lannemezan pour nous offrir une lunetterie de prestige. Lucky Luke, c’est la classe et la précision incarnée. Marion se concentre sur des lunettes intemporelles, des achats remplis de sens et met en œuvre un savoir-faire artisanal d’excellence.
« Les cluques, en patois, c’est les lunettes ! » À croire que Marion était prédestinée. Pourtant, tout n’a pas été évident après le bac. Une première année de droit passée à zigzaguer entre les fêtes (j’en rajoute à peine), puis l’envie de trouver un métier qu’elle aime. « J’appréciais la mode, le côté esthétique, et j’étais assez manuelle ; ma sœur m’a parlé de l’optique. C’était évident puisque je porte des lunettes depuis mes 4 ans. »
Après une prépa scientifique, Marion intègre l’Institut supérieur d’optique de Toulouse. Une révélation. Mais avant d’ouvrir sa propre boutique, elle a préféré rouler sa bosse pour les autres, dans des grandes chaînes (celle de celui qui est fou), des réseaux de mutuelles, avant de comprendre que le positionnement haut-de-gamme où l’on prend son temps pour le client et pour travailler de la meilleure des manières était fait pour elle. « C’est le résultat de mes convictions que vous voyez ici. »

Cluque cluque boum, je veux atteindre le nirvana
Ici, pas de lunettes qui envahissent l’espace, « je travaille au tiroir. Après avoir vérifié la vue, je vais proposer des montures qui correspondent à la morphologie et à la correction. » Marion a très peu de marques, mais elle a sélectionné la crème de la crème. « Je travaille avec des fournisseurs qui ne suivent pas la mode. Écologiquement parlant ça n’a pas de sens, j’aime vendre ce qui va durer dans le temps. Les vrais lunetiers sont indémodables. » Au programme Vuarnet pour les solaires avec ou sans correction (tu nous fais signe si tu vois le soleil à Lannemezan), Epos, une entrée de gamme rétro à partir de 185 € – « un fabricant italien qui travaille les mêmes modèles depuis les années 1880 » –, Michel Hénau qui fabrique en Belgique et dans le Jura, les verres Zeiss et le bijou… Lucas de Staël. Montures en cuir, avec parfois de l’ardoise ou du quartz. Une folie. « C’est le petit-fils de l’artiste Nicolas de Staël. Les lunettes sont travaillées manuellement dans son atelier parisien pendant 2 à 3 semaines. Un vrai chef d’œuvre ! Et ça dure dans le temps, j’ai déjà remonté des verres sur des montures qui avaient dix ans. Ça devient même plus beau encore avec la patine des années. »
Pour les enfants, Marion propose la marque française Lafont, à partir de 145 €, dont les branches peuvent se couper pour mieux adapter la longueur. « Les enfants ont tendance à regarder vers le haut, au-dessus de leurs verres. Lafont a créé un système d’arrondis pour éviter cela. Une grande partie de la correction se fait dans l’enfance. On n’a pas droit à l’erreur. »
Cluque et collector
Marion travaille uniquement sur rendez-vous. Histoire de faire son métier le mieux possible, et aussi parce que, elle l’avoue, « je suis une très mauvaise vendeuse ! » Mais, une telle boutique à Lannemezan ? Es-tu sûre qu’ils la méritent ? « Je suis tombée amoureuse… » De la ville et son architecture magique, c’est ça ? « Plutôt d’un homme. Mais aussi de la qualité de vie, des montagnes, des sports d’hiver, ma passion. Je suis assez sauvage, les grands espaces me permettent de décompresser… de vivre » Un autre point commun avec Luke. Et c’est d’ailleurs des vallées qu’elle espère attirer des gens sensibles à sa démarche rare. Noblesse oblige.

LES CLUQUES
Mar. > Sam. 10h-12h30 /
14h30-18h
106, rue Diderot
65300 Lannemezan
06.42.71.27.06